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zumeurs...
7 août 2011

Patience…


Dialogue de… malade !
 
Vacances

Ça devait arriver, c’était joué d’avance ! Quel imbécile je peux faire ! Si j’avais su qu’il m’en coûterait de perdre plus de deux heures dans la salle d’attente de mon médecin, je me serais bien gardé d’aller courir nu dans la neige la nuit dernière. Voilà ce que l’on gagne quand on perd un pari : un rhume.
Ça faisait donc deux heures et quart que j’attendais mon tour, 136 minutes exactement que j’espérais cette brève entrevue qui se solderait par une glaciale remise d’ordonnance, accompagnée d’une poignée de main et de l’inévitable “portez vous bien” tout aussi impersonnels. Puis l’histoire se terminerait comme elle a commencé : à patienter, dans la file d’attente de la pharmacie cette fois. 136 longues minutes s’étaient donc écoulées sans que rien ne se passe, puisqu’il se passe rarement des choses excitantes dans une salle d’attente, sûrement à cause de la pesante apathie qui inonde ces endroits.
Mais voilà qu’à la 137ème minute, alors que pour la première fois depuis mon arrivée, mon regard quittait le barbant ouvrage freudien (dont la lecture m’avait été imposée par d’obscures autorités scolaires) pour se déporter sur ma droite, je fus pris d’une irrésistible envie de m’appeler “Marie-Claire”.
J’aurais alors pu tout sacrifier pour que me soit donnée la chance d’être fait de papier glacé et d’être constitué de 156 pages, dont 68 de publicités. J’aurais voulu que sur ma couverture soit lascivement allongée Laetitia Casta dans une splendide robe du soir. J’aurais voulu que mon sommaire propose en page 56 un régime éclair pour perdre les kilos accumulés durant les fêtes, et en page 103 un reportage sur “Amina”, journaliste afghane contrainte à l’exil suite à des menaces de mort. J’aurais voulu que quelques unes de mes pages que quelques unes de mes pages soient cornées, pour être passé dans trop de mains inattentives de patients grippés. J’aurais voulu sentir le parfum “Noa”
parce qu’une petite fille aurait retiré la petite opercule adhésive d’échantillon sur la publicité en page 78. J’aurais voulu que mes mots croisés aient été gribouillés et que mes pages de recette m’aient été arrachées. J’aurais voulu être le numéro 536, coûter 4 Euros et 30 centimes en France métropolitaine et 6 Euros dans les Dom-Tom.
Tout cela je l’aurais voulu de plus cher de mon être, simplement pour que ma voisine assise à ma droite, dont je n’osais regarder que les mains, me carresse comme elle carressait les pages du magazine. J’aurais voulu qu’elle pose sur moi des yeux atttentifs et qu’elle me lise de long en large, qu’elle me déchiffre jusqu’au plus profond de mon être.
Hélas ! Alors que j’imaginais déjà mon épiderme se change en cellulose, je vis ces deux mains si délicates me fermer brutalement puis me jeter avec dédain sur la table basse, ce cimetière pour magazines périmés, où je retrouvais mes compagnons d’infortune “Picsou Magazine” et “Fémina”. Ces doigts si attentifs il y a peu m’avaient déjà oublié et avaient empoigné un sac à dos, et m’a voisine s’était levée dès le moment où le médecin était apparu dans l’entrebâillement de la porte. J’osais enfin lever les yeux pour découvrir le visage de ma caresseuse, mais c’est mon faciès se glaça d’effroi en découvrant enfin sa véritable identité, accompagnée par ces mots du docteur : “M. Bouchard, c’est à vous …”

Trouvé je ne sais plus où ?


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