Lettres mortes !

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Page blanche sur… fond de nuit noire !

Tant pis si elle est mal léchée,
l'enveloppe comme la lettre,
je poste quand même.

C’était une nuit, une nuit noire, une nuit d’un noir de sang d’encre, d’une encre même pas sympathique, d’une ancre où personne n’oserai s’accrocher ! Je suis triste, mon porte-plume ne pleure plus ! — J’ai essayé de le ressourcer, pas une goutte ! — J’ai été à la montagne voir son pote [1], rien ! Diatribe foutue, panne sèche, panne de cartouches, de vitriol, de… je ne sais plus. La page blanche, l’angoisse quoi ! Et pourtant du caractère j’en ai : ma psy me l’a dit. Qu’elle m’a même fait un OCR. Un OCR c’est ce truc informatique : “ Reconnaissance Optique de Caractères ” qu’elle me l’a expliqué. Elle m’a aussi dit que c’était… une hyper atrophie de ma logorrhée et que… c’était bon signe vu que la logorrhée ne survient que… dans les états maniaques. De quoi elle se mêle, c’est que j’ai pas envie d’en guérir moi de cette maladie ! Alors je m’en suis retourné vers mon clavier. M’hélas ! Rien ! Même pas une touche… Mon ordinateur il est comme moi, caractériel ! Mais pas un seul que je pouvais saisir. Pas même un jeu de mots. Encore moins une lettre que je pouvais taper, ni envoyer. Mes lettres étaient mortes, je vous assure. Mon imprimante, comme moi, déprimait. Je ne vous dit pas l’angoisse ! Et puis, et puis… J’ai trouvé une solution. Je me suis dit, fais comme nos grands politiques ou autres, paye toi un nègre [2], tu pourras publier tes mémoires.

Alors…
Je me suis réveillé.

Mais quand je me suis réveillé,
j’avais une drôle d’impression…

^[1] Mont Blanc !
^[2] Nègre, selon mon dictionnaire,
au sens figuré : personne qui prépare ou fait le travail d’un écrivain célèbre,
d’une personne connue qui signe de son nom un ouvrage qu’il n’a pas écrit.

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