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zumeurs...
1 septembre 2012

La princesse


La baleine aux… yeux d’or !
 
La baleine

Très loin d’ici, dans la mer froide, il y avait une baleine ; une baleine grise comme la mer, grise comme le vent et la brume. Les marins qui l’avaient vue ne l’oubliaient jamais plus, car ses yeux étaient des perles d’or. Quand ils revenaient à terre, ils entraient dans les auberges et criaient “On l’a vu, on a vu la baleine aux yeux d’or !”
Dans son palais, le roi les entendait et murmurait : “Je veux avoir ces yeux d’or, ce sont sûrement des yeux magiques”
Il avait promis une grosse récompense à celui qui les rapporterait. Aussi, quand ils s’embarquaient, les marins n’oubliaient jamais leurs harpons pour l’attraper.
Mais quand elle entendait leurs bateaux froisser la mer, la baleine plongeait au plus profond de l’eau et s’en allait à l’autre bout du pays, voir Noll, un petit garçon qu’elle aimait.
Noll n’était pas heureux : il n’avait plus de parents et vivait dans une cabane avec sa tante Hell qui ne l’aimait pas. Alors, souvent le soir, il venait s’asseoir sur la falaise, épuisé par tout le travail que sa tante lui avait donné à faire, et il se mettait à pleurer si fort, que parfois la mer débordait à cet endroit-là.
La baleine arrivait et se mettait à lui parler tendrement de sa voix qui faisait trembler les vagues : “Attends un peu, petit Noll, un jour ta tante sera petite et faible et toi tu seras grand et fort, et tu feras tout ce que tu voudras, sois patient.”
Hélas, un soir, tante Hell à suivit Noll jusqu’à la falaise…Quand elle voit les yeux d’or, tout brillants sous la lune, elle décide aussitôt de les lui prendre. Sans faire de bruit elle retourne à la cabane, se lave, se coiffe, prend son châle et court au palais du roi.
“Si je te donne les yeux d’or de la baleine dit-elle, est ce que tu prendras mon neveu chez toi ?” “Oui, répond le roi, et je le ferai premier ministre, et je te donnerai tout l’argent que tu voudras.” “Alors envoie-moi demain tes meilleurs soldats au bord de la falaise”
Quand Noll se réveille le lendemain matin, sa tante lui apporte un bol de chocolat et sourit : “Si tu le veux, Noll, c’est fini pour nous d’avoir faim et d’avoir froid et de dormir sur des fougères ; demain si tu le veux tu peux devenir premier ministre et être riche. Il suffit que tu appelles la baleine, et moi, je cueillerai ses yeux.”
“Jamais s’écrie Noll, ses yeux sont à elle, il ne faut pas les lui prendre, j’aime mieux rester pauvre !”
Tante Hell hausse les épaules et crie : “Tu fais des histoires pour des yeux qui ne sont même pas de vrais yeux, seulement des boules d’or et dont elle ne se sert sûrement pas !” “Non, répète Noll, non !”
Alors, la tante se met à pleurer :
“Quand je pense à tout ce que j’ai fais pour toi ! A tout ce que j’ai dépensé ! A tout ce que tu m’as coûté ! A tous les plats que je t’ai cuits ! A tous les soins que je t’ai donné.. ! ! ! ? ? ? Et toi tu ne veux même pas que j’ai un vrai lit pour me coucher !”
Alors Noll dit : “C’est bon, j’accepte !”
Ils s’en vont vers la falaise et Noll crie : “Baleine ! Baleine !”
On entend comme un grondement, les vagues se fendent en deux et la baleine paraît. En quelques secondes les soldats cachés derrière les sapins harponnent la baleine et mettent ses yeux dans un coffret. La baleine n’a même pas poussé un cri. Simplement, elle se secoue pour faire tomber les harpons, puis elle ferme ses paupières grises et s’en va. Noll reste là, sans bouger à regarder l’eau froide, jusqu’à ce que sa tante le tire par la manche en disant :
“Allons, viens donc au palais, nous voilà riche à présent.”
Le roi est fou de joie ! Il fait coudre les yeux en or sur son bonnet de fourrure et aussitôt, il voit toutes les mers : les bleues, les vertes et les noires. Il voit d’un coup tous les bateaux qui vont dessus, tous les poissons qui nagent dedans et tous les trésors coulés au fond. Il voit le dessous des icebergs, les tourbillons et les nids de tempête. Il crie : “ça y est, je suis le roi de la mer !” et il fait jeter tous les ciseaux de tous le pays pour que personne ne puisse découdre les yeux d’or.
A partir de ce jour, Noll ne dit plus rien. Il ne mange plus, il ne dort plus et quand il lève les yeux vers le bonnet du roi, il croit voir pleurer les yeux d’or.
Alors, n’y tenant plus, un soir il se rend sur la falaise et murmure : “Baleine, baleine”
D’un coup, les vagues sombres se fendent en deux et la baleine paraît :
“Oh Noll gémit-elle, rend moi mes yeux s’il te plait ! Je les sens qui me regarde tandis que je me cogne aux vagues, rends-les moi, je t’en prie”
“oui, répond Noll, même si je dois mourir, demain matin au levé du soleil, je te les apporterai !”
En retournant au palais, Noll sent que son cœur bât mieux, et que ses poumons respirent plus vite, il est heureux ! Il a pris une décision.
Il fait nuit noire quand il arrive au palais. Sans bruit il entre dans la chambre du roi et lui retire doucement son bonnet de fourrure. Puis il s’approche de la fenêtre éclairée par la lune et toute la nuit, avec ses ongles, il découd les points serrés. Quand tout est décousu, plein de bonheur, il s’enfuit vers la falaise. Il court, il court à perdre haleine, mais bientôt il entend derrière lui les cavaliers du roi lancés à sa poursuite. Il court plus vite encore, mais il entend les cris des soldats et les hennissements des chevaux.
Alors il se retourne pour voir s’ils sont encore loin et il tombe du haut de la falaise dans la mer en poussant un grand cri : “” Baleine ! “”
Les cavaliers tirent sur les rênes pour arrêter les chevaux et ils se penchent au dessus de la mer…Mais comme ils ne voient rien que les vagues qui bouillonnent, ils retournent au palais. Et l’on entendit plus jamais parler du petit Noll !

Pourtant, des marins disent qu’ils l’ont vu, et quand ils entrent dans les auberges, ils chuchotent tout bas pour que le roi n’entende pas :
“On l’a vu ! On l’a vu le petit Noll ! Son manteau brodé était tout blanchi de sel, il avait l’air vraiment heureux, il riait et s’amusait dans les vagues, bien assis sur le dos de la baleine aux yeux d’or !”

Chantal de Marolles et Bernadette Pons


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