Élections
Image et citation du… dimanche !
Les six millions de voix refroidirent Pécuchet à l’encontre du Peuple, et Bouvard et lui étudièrent la question du suffrage universel.
Appartenant à tout le monde, il ne peut avoir d’intelligence. Un ambitieux le mènera toujours, les autres obéiront comme un troupeau, les électeurs n’étant pas même contraints de savoir lire : c’est pourquoi, suivant Pécuchet, il y avait eu tant de fraudes dans l’élection présidentielle.
“Aucune, reprit Bouvard : je crois plutôt à la sottise du Peuple. Pense à tous ceux qui achètent la Revalescière, la pommade Dupuytren, l’eau des châtelaines, etc. Ces nigauds forment la masse électorale, et nous subissons leur volonté. Pourquoi ne peut-on se faire, avec des lapins, trois mille livres de rente ? C’est qu’une agglomération trop nombreuse est une cause de mort. De même, par le fait seul de la foule, les germes de bêtise qu’elle contient se développent et il en résulte des effets incalculables.
— Ton scepticisme m’épouvante !” dit Pécuchet.
Gustave Flaubert — Bouvard et Pécuchet
Et aussi
La démocratie ne régnera que le jour où mille cul-de-jatte persuaderont le reste des hommes de se couper les jambes. Car c’est au profit d’un petit nombre qu’elle tend, — d’un vilain petit nombre.
Paul-Jean Toulet — Le carnet de monsieur du Paur