Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
zumeurs...
9 janvier 2007

Siège de métro


“ Tactique de… l’approche ! ”

Avez-vous déjà pris part à cette bataille héroïque…
dont l’unique butin est un siège,
denrée rare en période de pointe, mais pas seulement ?

 
  Ah, les sièges des transports en commun…

Ceux-ci semblent être une obsession en heure de pointe.
Il est vrai que la concurrence est rude à ce moment-là… Si seulement il s’agissait d’une concurrence pour la bonne humeur ! Malheureusement non, c’est une concurrence pour avoir un siège. Pas grand chose d’autre à penser au milieu de cette foule de voyageurs autant de mauvaise humeur que vous.
Là, ce beau siège, pas encore taggué, dans la rangée de droite… Vite, il est pour ce monsieur costumé, la quarantaine, le costume sombre. Mais non, finalement une jeune femme en robe fleurie l’a dépassé et s’est assise sous le regard trahissant sa furie de l’homme sérieux qui n’est pas allé assez vite.

C’est que ça demande toute une tactique, pour pouvoir s’asseoir, tactique affinée par les amateurs au fil de leurs trajets quasi-quotidiens. Ne pas faire attention aux regards tristes voire méchants des voyageurs qui, moins forts dans ce sport, sont debout depuis cinq stations.

Attention, révisez vos classiques !
Si vous optez pour ce stratagème, n’oubliez pas de bouger légèrement la tête de temps en temps, pour bien donner l’impression d’être concentré sur quelque chose de précis à l’extérieur.
Passer devant les autres, parfois avant que tout le monde ne soit descendu, en marchant sur les pieds tout en faisant semblant de ne pas l’avoir remarqué (c’est tout plat un pied, après tout) ou encore mieux en donnant des coups d’épaules à destination de ces satanés sacs sur les dos des voyageurs qui décidément gênent votre course.
Courage, vous y êtes presque. Oublier toute notion de galanterie. Enjamber un sac, par terre cette fois-ci (quelle drôle d’idée, en fait les sacs devraient purement et simplement être interdits). Voilà. Vous y êtes. Si vous êtes un homme, avec un peu de chance, deux ou trois femmes vous regarderont exaspérées.

Prendre racine
Mais attention… Même une fois assis, il n’y a pas de véritable repos du guerrier. Car ce sport demande une vigilance permanente. Dès qu’une personne âgée entre dans le train ou dans le bus, dès qu’une femme enceinte lorgne votre siège ne serait-ce qu’une seconde… Vite, vite, il faut regarder dehors, mais non vous ne les avez pas vues, voyons, c’est tellement intéressant là, les rails de la voie d’à côté, il faut les fixer, ne pas détourner le regard… Ou mieux, faire semblant de lire passionnément ce “ Vingt Minutes ” recroquevillé au fond de votre sac (ah ça, pour avoir son exemplaire de “ Vingt Minutes ” avant les autres, c’est encore une autre bataille… mais ne nous égarons pas, sinon votre formation pour pouvoir mener cette guerre serait cruellement incomplète et une jeune femme en robe à fleurs se ferait un malin plaisir de prendre votre siège !).
Il faut donc rester concentré…

Pas de répit !
Vous pensez donc qu’en heure creuse, tout va bien, que les voyageurs se comportent normalement et sourient même parfois.

La méthode du livre
Plus vous prenez l’air concentré, plus c’est efficace.
Certes, il y a moins de concurrence pour les sièges, mais elle reste malgré tout bien présente et votre concentration est toujours mise à rude épreuve. Un avatar de cette guerre des sièges vient donc aussi pointer son nez en heure creuse. Vous savez, ces heures où il y a presque autant de sièges vides que de sièges occupées, ou mieux encore plus de sièges solitaires que de sièges recueillant le derrière des voyageurs. Vous croyiez être en temps de paix ? C’est raté, passez à une autre heure (donc logiquement jamais). Car… c’est alors la course au luxe. Ce siège au bord de la fenêtre, au soleil en plus ! C’est pour le jeune homme en jean. Tant pis pour le bronzage de la personne qui le précède, à l’air fort sympathique au demeurant. A lui les U.V. offerts en prime avec son ticket de RER (offre soumises à conditions, non valable au fur et à mesure qu’on s’approche de Paris et que les tunnels se font de plus en plus nombreux jusqu’à prendre définitivement le dessus). Et l’accoudoir… Ce sera pour cette femme au livre à la main. On répartit les sièges en fonction des loisirs de chacun, ce n’est plus la division du travail mais la division des places. Et un goût de luxe semble se répandre parmi les voyageurs. L’idéal inavoué de tous est un siège tout propre, au bord de la fenêtre, dans le sens de la marche, avec un accoudoir, une lampe au-dessus qui fonctionne parfaitement. Et pas de voisins trop bavards, s’il vous plaît. Seul entrave à ce confort, dans les MI2N, au moment de se relever. Le voyageur, satisfait de son siège, ne pense plus à la basse hauteur de la lampe à l’étage. Alors, totalement inconscient, il se lève et bing ! se cogne sur cette lampe qui faisait sa fierté, sous le regard narquois des autres voyageurs jaloux de sa précieuse place.
Là encore, on voit que cette guerre de siège est avant tout affaire de con—cen—tra—tion (insistez bien sur la première syllabe, si si).

Sans limite
Mais au-delà du seul siège, il y a tout le territoire autour du siège à conquérir, mais surtout à sauvegarder. Eh oui, là encore le combat est rude… Votre voisine prend décidément beaucoup de place. Vous essayez de lui faire comprendre — en restant dans le domaine du poli, bien sûr, en regagnant progressivement la bande de trois centimètres empiétant sur VOTRE territoire. Envahissement très agaçant. Alors petit à petit, vous relâchez la pression de votre bras, discrètement, en apparence involontairement… Gagné. L’honneur est sauf. La totalité de la surface du siège vous appartient. Vous êtes un vrai héros des transports en commun.

Mais ce cas n’était pas idéal… Eh oui, relisez.
Vous avez une voisine. Un obstacle énorme à votre confort personnel !
Car alors que devient votre sac ? Il est sur vos genoux, le pauvre. Là encore, la vigilance s’impose. Non, vous ne prêterez pas cette place. Elle est pour votre sac. Ca se voit, non ? Ce sac est très encombrant. Il a la priorité sur les voyageurs. Et gare à celui qui veut s’asseoir devant vous, et qui empiéterait sur l’espace imparti à vos jambes, qui sont bien trop longues par rapport à l’écart entre les sièges ! Remarque d’autant plus vraie que vous êtes dans un p’tit gris, enfin, la situation ne permet vraiment pas de… Non, non, décidément, pas de voyageur en face de vous non plus. Re-politique de l’autruche, celle-ci a déjà fait ses preuves. C’est que vous devenez un client exigeant, décidément…
Et gare à celui qui vous fera remarquer que dans ce cas vous auriez dû acheter trois billets de train (pour vous-même, votre sac et vos jambes dans le meilleur des cas sur le siège d’en face, dans un grand souci de générosité pour les futurs compagnons de ce siège) !

Gare aussi à celui qui finalement,
lui, a l’air d’être heureux debout,
il garde le sourire aux lèvres.

Il dévalorise votre fier combat.
Agaçant, hein ?


Piqué sur Métropole !


Publicité
Commentaires
zumeurs...
Publicité
zumeurs...
Visiteurs
Depuis la création 151 084
Publicité